Un rapport récemment publié par l’ONU souligne la montée en puissance des gangs violents dans les zones rurales d’Haïti, provoquant une vague de violence sans précédent. Les villages sont attaqués et les agriculteurs, essentiels à la production alimentaire du pays, sont particulièrement ciblés, entraînant ainsi une insécurité alimentaire alarmante.
Ce rapport, émanant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, offre une analyse sombre de la situation actuelle, où les gangs se sont propagés dans ce pays caribéen pauvre depuis l’assassinat du président Jovenel Moise en 2021.
Bien que l’attention se soit principalement portée sur Port-au-Prince, la capitale, où des milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons pour se réfugier dans des camps de fortune, le rapport met en lumière la région du Bas-Artibonite, située à environ 100 kilomètres de la capitale. Cette région, autrefois connue comme le grenier historique du pays, est maintenant le théâtre de violences exercées par plus de 20 groupes criminels extrêmement violents qui se battent pour le territoire. Selon le rapport, entre janvier 2022 et le mois dernier, 1 690 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées dans cette région.
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a souligné l’ampleur de la violence croissante en Haïti, tant à Port-au-Prince que dans les zones rurales, et l’incapacité de la police à y mettre fin. La situation est décrite comme cataclysmique, avec des meurtres, des violences sexuelles, des déplacements forcés et d’autres actes de violence qui se déroulent même dans les hôpitaux.
Le rapport appelle à une action urgente, notamment au déploiement d’une mission multinationale de soutien approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU le mois dernier, ainsi qu’au renforcement des forces de police haïtiennes. Le Kenya s’est engagé à envoyer 1 000 policiers pour cette mission, mais leur déploiement est retardé par des contestations juridiques.
Selon le rapport, la violence a augmenté de manière significative dans la région de l’Artibonite à la fin de l’année dernière, avec des gangs et des groupes d’autodéfense se disputant le contrôle. Entre janvier 2022 et le mois dernier, il y a eu au moins 110 attaques de gangs contre des villages rivaux, caractérisées par une extrême brutalité, notamment des décapitations, des viols et des enlèvements.
Les attaques audacieuses en plein jour sur les routes les plus fréquentées de la région sont également monnaie courante, avec plus de 85 personnes tuées par des gangs qui érigent des barricades ou tendent des embuscades aux véhicules de transport public. Les agriculteurs et leurs propriétés sont également devenus des cibles privilégiées pour les gangs, qui s’approprient les champs et exigent des paiements pour y accéder.
Ceux qui osent protester sont violemment agressés, voire tués, et leurs récoltes et leur bétail sont volés. Cette situation a entraîné une réduction de près de 5 000 hectares de cultures dans trois communes du Bas-Artibonite, selon le Programme alimentaire mondial. Plus de 45 % de la population vivant dans cette région souffre d’une insécurité alimentaire aiguë, ce qui met en péril la sécurité alimentaire de toute la population.
Le rapport souligne que la réponse policière et judiciaire ne suffira pas à protéger les droits humains de la population. Une force internationale spécialisée doit être déployée rapidement pour faire face à cette crise. Le Haut-Commissaire Türk appelle à la mise en place d’une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti afin de garantir la protection des droits humains et de restaurer la stabilité dans le pays.
La situation actuelle en Haïti est alarmante et nécessite une action urgente. Il est impératif que la communauté internationale se mobilise pour fournir une assistance et un soutien à ce pays qui fait face à une crise sans précédent. La violence des gangs et l’insécurité alimentaire qui en découle ont des conséquences dévastatrices pour la population haïtienne, en particulier pour les agriculteurs qui sont au cœur de la production alimentaire.
Il est temps d’agir et de mettre fin à cette violence. L’ONU et les pays membres doivent travailler ensemble pour déployer la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti et renforcer les forces de police locales. Il est également essentiel de soutenir les efforts visant à restaurer l’ordre et à garantir la sécurité alimentaire pour tous les Haïtiens.
En conclusion, la propagation de la violence des gangs dans les zones rurales d’Haïti représente une grave menace pour la sécurité alimentaire et les droits humains. Il est nécessaire d’agir rapidement pour mettre fin à cette crise en déployant une force internationale de soutien et en renforçant les capacités des forces de police haïtiennes. La population haïtienne mérite la paix, la sécurité et le droit fondamental à une alimentation adéquate.