Dans son dernier rapport, le Comité de sanctions des Nations Unies travaillant sur Haïti dresse un tableau sombre de la situation sécuritaire des forces de l’ordre dans le pays. Selon les experts, seulement 4 000 policiers seraient disponibles pour assumer les tâches de sécurité publique à travers tout le territoire haïtien, ce qui soulève de sérieuses préoccupations.
Le document met en évidence les difficultés auxquelles font face la Police nationale d’Haïti (PNH), malgré la volonté louable de son haut commandement et de ses agents engagés dans la préservation de la sécurité publique. Le rapport évoque le budget limité de la police, son manque cruel de personnel, son équipement insuffisant ainsi que sa formation inadaptée aux défis complexes rencontrés sur le terrain. Cette situation limite considérablement les capacités de la PNH à reconquérir les territoires occupés par les gangs criminels.
Les experts ont souligné que les forces armées nationales, rétablies par le président Moïse après leur démantèlement en 1995, ne sont pas en mesure d’assurer pleinement la défense et la sécurité du pays. Ainsi, la police reste la seule ligne de défense contre les gangs, malgré les appels lancés par le Premier ministre en mars 2023 pour renforcer les forces armées.
Le rapport met également en évidence la difficulté de déterminer avec précision le nombre exact de policiers en activité. Officiellement, ils étaient 14 087 au 30 juin 2023, mais ce chiffre inclut également les gardes-côtes et les pompiers, sans tenir compte des nombreux agents qui ont récemment abandonné leur poste, quitté le pays ou sont détachés auprès d’unités de protection rapprochée. . En prenant en compte ces éléments, le nombre de policiers disponibles pour assurer des rotations de 12 heures dans tout le pays est probablement plus proche de 4 000, ce qui est exceptionnellement bas dans n’importe quel contexte, mais encore plus préoccupant en Haïti.
Les membres de la police sont souvent pris pour cible par les gangs criminels, comme le soulignent les experts. Entre janvier 2023 et mi-août 2023, pas moins de 36 agents ont perdu la vie dans des violences liées aux activités de ces groupes. En interne, la police doit également faire face à des problèmes tels que des allégations de corruption, des violations des droits humains et une collusion supposée entre certains policiers et les gangs eux-mêmes.
Malgré la création du fonds pour la sécurité, initié par l’ONU et les partenaires internationaux afin de soutenir la police haïtienne, le rapport indique que les ressources actuelles ne suffisent probablement pas à pallier au manque d’effectifs à court ou moyen terme. Bien que ce fonds soit vital pour renforcer les capacités de la police en termes de formation et d’équipement, il est peu probable qu’il puisse compenser rapidement le déficit d’effectifs constaté.
La situation de la sécurité en Haïti nécessite donc une attention urgente de la part des autorités nationales et de la communauté internationale. Il est essentiel de prendre des mesures concrètes pour renforcer les capacités opérationnelles de la police et garantir la sécurité de la population.
Il est impératif de doter la Police nationale d’Haïti des ressources financières nécessaires pour recruter et former davantage de policiers. Cela permettrait de renforcer les effectifs et de mieux répondre aux besoins de sécurité du pays. De plus, il est essentiel de fournir à la police un équipement adéquat pour faire face à la complexité de la situation sur le terrain.
La coopération internationale joue également un rôle crucial dans cette lutte contre l’insécurité en Haïti. Les partenaires internationaux doivent continuer à soutenir la police haïtienne en mettant à disposition des ressources financières, techniques et logistiques supplémentaires. La création de programmes de formation spécialisés et de renforcement des capacités serait également bénéfique.
En parallèle, il est nécessaire de travailler sur la réforme structurelle des forces armées haïtiennes afin de les rendre plus opérationnelles et de renforcer leur coopération avec la police pour lutter efficacement contre les gangs criminels.
La sécurité des policiers doit également être une priorité. Il est essentiel de mettre en place des mesures de protection adéquates pour prévenir les attaques contre les forces de l’ordre. Cela comprend la mise en place de dispositifs de sécurité renforcés, des formations spécifiques sur la gestion des situations à haut risque et un soutien psychologique pour les agents exposés à des violences répétées.